L'exposition PABLO PICASSO, RENDEZ-VOUS, produite par la Maison Templar, est proposée à l'Espace Hôtel de Lagoy dans sa version originale : 100 lettres imaginaires, écrites par David Lawrence, destinées au plus grand peintre du XXème siècle.
Dans la cour de l’Espace Hôtel de Lagoy, les week-ends, le public pourra écouter l’enregistrement de 12 lettres imaginaires de Pablo Picasso Rendez-vous, lues par le conteur Jean-Paul Lucet, au timbre de voix unique.
Dans la salle 1 de l’exposition, les groupes scolaires, le public découvrent les étapes essentielles des Premières années de Pablo Picasso. De sa naissance à Malaga jusqu’aux portes du Cubisme.
Avant son entrée dans l’arène, vêtu de son habit de lumière, brodé de fil d’or, le torero implore la Vierge pour que son Fils, Jésus, soit à ses côtés.
Il incarne symboliquement la lumière et le taureau de combat, l’obscurité.
La prière est murmurée dans une chapelle, située à seulement quelques pas de la piste.
Moment intime, qui relève autant de la foi que de la superstition.
Estar en capilla signifie en espagnol : être en chapelle. Préparer l’esprit à s’isoler du monde, avant d’affronter son destin.
Dans la chapelle des arènes de Nîmes, un torero a laissé son témoignage : « Ici, les peurs se dissipent. Nous sommes là, comme des naufragés de la terreur. Merci à Dieu. Lui qui veille sur nous. »
En 1921, Ernest Hemingway découvre l’univers de la corrida.
Dans Mort dans l’après-midi, il écrit : « Le seul endroit où l’on pût voir la vie et la mort, j’entends la mort violente, maintenant que les guerres étaient finies, c’était dans les arènes à taureaux, et je désirais beaucoup aller en Espagne, où je pourrais les observer »
Dès l’âge de 7 ans, aux arènes de Malagueta, Pablo se tient aux côtés de son père.
Si celui-ci applaudit chaque rebolera , lui est émerveillé par les couleurs, les formes de ses nouveaux modèles. Celles des picadors, des toreros, des taureaux.
Sa vie durant, la corrida ressuscitera le lien unissant Pablo à son père.
Cette reconstitution salue celui-ci.
100 lettres imaginaires de David Lawrence. L’Auteur des ouvrages suivants : Marilyn Monroe, le secret de l’Amérique. Préfacé par Francis Huster.Herbes Majeures, préfacé par Alain Malraux.Francis Bacon, Rencontres accidentelles. Préfacé par Christian Noorbergen.Je Reste avec vous, Diana Spencer.Winston Churchill, face aux démons.et d'une vingtaine d'ouvrages. Parmi les signataires des 100 lettres imaginaires :Auguste Renoir, Vincent van Gogh, Michel Leiris, Jacqueline Bouvier Kennedy, Charles de Gaulle, Winston Churchill, Carlos Casagemas, Ambroise Vollard,Paul Cezanne, David Bowie, Truman Capote, Adolf Hitler, Joseph Staline, Eric Tabarly, Paul Bocuse, Jack Kerouac, Fernande Olivier, Françoise Gilot, AlainDelon, Jacques Brel, Orson Welles, Grace Kelly, Jean Marie Drot, Jacques Prévert, Norman Mailer, Martin Luther King Jr, William Faulkner, Françoise Sagan, Yves Saint-Laurent, Christian Dior, Gabrielle Chanel, Modigliani, Fernand Léger, Alexandre Calder, Fidel Castro, Marilyn Monroe, Ernest Hemingway, le 14e Dalaï-Lama, Claude Pompidou, Louis Aragon, Claude Lévi-Strauss, le Prince Philip, Sarah Bernhardt, Marc Chagall, Edgar Degas, Allan Seeger, James Lord, Philippe Soupault, André Breton, Camille Pissarro, Le Greco, Guillaume Apollinaire, Daniel Cordier, Peter O’Toole, Marguerite Duras, Jean Marais, Jean Cocteau, Georges Braque, Gertrude Stein…
180 photographies et reproductions sur dibond d’oeuvres originales parmi lesquelles celles de Pablo Picasso, d’Eugène Delacroix, d’Antoine Watteau, de Paul Cezanne, de Vincent van Gogh, d’Auguste Renoir, du Greco, d’Edgar Degas, de Modigliani, de Toulouse-Lautrec…
Immersion :
Pablo,
Sur l’une des consoles de ton atelier, je t’ai laissé des fleurs coupées. Un pot. En étain.
Coloré par l’azur. L’eau sera ton devoir. Elles ne doivent pas mourir. Elles sont si belles.
Ce midi, tu étais absent m’a annoncé ta jolie femme. Aux cheveux épais. Noirs. Ils sentaient
le savon bon marché. J’ai chéri leur arôme bordé de lilas blanc. Il ne faut rien changer à
cela. C’est la vie !
Je suis vieux. Terriblement vieux. Je vais partir.
Tu as dit aux autres vouloir faire mon portrait. Fais vite ! Avant que l’haleine triste de
Limoges n’anéantisse ma carcasse, la casquette, mes pinceaux. Mon oeuvre.
Je garde au chaud ce murmure : « Vous arrivez devant la nature avec des théories, et celle-ci
flanque tout cela par terre ! »
Je suis assis.
Près des murs qui cernent malicieusement mon esprit. Je les entends dire que ma vie baille.
Mais mes yeux sont ceux de ce petit bonhomme qui a quitté sa mère un matin de février
1841.
Je la distingue aujourd’hui. Elle porte un tablier propre, des chaussures douces.
Pour ne pas amuser les fantômes.
Je suppose qu’elle cherche à m’offrir du temps. Je l’avoue. Quitter le monde, le corps au-dessus
de la neige de décembre, ne m’enchante guère. Si j’avais à choisir, Pablo, je lèverais mon doigt
vers le clocher de l’église. Lui chuchotant : « Mai, s’il-te-plaît. Toucher une fois encore les
champs rouge sang des coquelicots. »
Oui, fais vite. Les cloches demeurent muettes.
Ton cher Auguste.
17 juin 1941.
Monsieur,
Je saisis cette aurore pour vous écrire dans la pénombre des heures dont nous souffrons la
teneur. Et ce, depuis qu’un seul et unique individu a sournoisement dissimulé à ses associés
l’ambition criminelle d’anéantir toute trace de démocratie.
L’un de mes ministères m’a précisé la nature réelle de votre engagement envers le Parti
communiste. À la lueur de l’indigente lampe à pétrole, illuminant grossièrement le papier
à en-tête de Downing Street, je vous livre une lumière divergente de celle acquise par votre
naïveté. En aucune façon, je ne souhaite irriter l’intelligence nourrissant votre existence.
J’ose simplement exiger la parole d’un artiste que je respecte. Assuré que votre coeur
réprimande l’indéfendable, toute forme d’iniquité. Assuré également que les événements
tragiques, manifestés le 26 avril 1937, arrachant la vie à des enfants, à des femmes, aux
hommes de votre chère Espagne, vous ont poussé à ouvrir des portes jusqu’alors, pour
vous, inconnues.
Dans Guernica, j’ai pu contempler la puissance du geste. Ressentir la sincérité du chagrin.
Partager avec vous la férocité de la colère. Prier dans l’unité du moment.
Clémentine, confondue par votre verbe, excuse, une fois encore, la carence de mes devoirs
conjugaux. Apercevant du haut de votre oeuvre ma détermination à conduire l’Angleterre,
et tout pays éventré par cette barbarie, à la victoire.
Monsieur, si le destin avance l’occasion d’un rendez-vous, je le notifierai sur mon agenda,
pourtant sacrifié dans son ensemble à la mission que le peuple m’a confiée.
Pour serrer la main de l’homme qui a dénoncé les buts d’une telle violence. Bien avant le
réveil de nos institutions. Pour que la Grande-Bretagne reconnaisse officiellement l’ampleur
de vos chefs d’oeuvre.
Si j’avais la traduction allemande de votre pièce de théâtre, Le Désir attrapé par la Queue,
j’ordonnerais à mon cabinet de la transmettre au peuple allemand. Aveuglé par les discours
singuliers d’Hitler. Il comprendrait aussitôt la misère répandue par ses légions.
Il y a deux millénaires de cela, un général romain avait avisé fièrement l’empereur César,
« À l’Est, nous avons suivi vos ordres. Toutes les terres ont été brûlées. Aux survivants
rassemblés, j’ai promis que Rome est venue pour la paix et non pour la guerre ».
En tant que Premier ministre, citoyen du monde libre, il est de mon devoir de souligner la candeur
de votre gratitude envers Staline. Si j’adhère à votre génie, optez, s’il vous plaît, pour ma sentence.
Son récit dérobe la vérité à l’Histoire.
14
Les petits corps de Guernica, les visages féminins défigurés, les membres déchiquetés par les bombes
nazies, gisent pareillement aujourd’hui, et ce, par dizaines de milliers, à l’Est. Broyés, jetés dans
l’abîme des fosses. Sans qu’aucune cérémonie religieuse ne leur soit administrée.
Staline s’astique les mains, tout en listant les adhésions de par le monde pour le sien meilleur. Et ce
chien de Joachim Von Ribbentrop, dressé sauvagement par Hitler, lui a léché les fesses. Le pacte
annonçant le début de la battue !
Dans vos peintures, je saisis l’affection pour le cirque.
Lorsque Mère daignait s’occuper de son fils, nous nous rendions aux célébrations de Noël, à Hyde
Park. Assis aux premières tribunes, j’applaudissais le jeu fantasque des arlequins. Et au cours d’une
de ces représentations, levant mes yeux vers les siens, je distinguais des larmes.
Il m’a fallu patienter l’expérience de plusieurs décennies pour considérer leur origine.
À vous, je compte, dans cette triste nuit de juin, avouer le dénouement.
Les masques se jouent de la vérité. Mère survivait, par le déguisement. Son bonheur tenait à ce fil.
Je lui accorde le pardon. Car en ces temps terribles, il est aisé de comprendre la nature humaine
face au vide. Préférant la marche à l’escalade. La vie à une mort certaine.
Je vous conjure de hisser, jusqu’à l’azur, le masque de cet assassin. Ne franchissez plus les portes
de son palais. Le monstre se nourrit de nos faiblesses, de nos peurs, de nos regrets. Une nourriture
qui prospère aujourd’hui.
Avant de vous quitter, je compte déclencher votre sourire.
On vous dit assouvir vos besoins à travers le corps de centaines de femmes. Vos détracteurs vous
accusent d’agripper les trésors de vos confrères pour embellir votre palette.
Dans les couloirs de la Chambre des Lords, mes opposants me disent capable de retourner ma
veste selon le résultat des élections. Inapte au sang-froid. Invoquant pour preuve le désastre des
Dardanelles.
À sa majesté, le roi George VI, ils soulignent ma forte dépendance à l’alcool.
Si je me refuse à répondre aux premières accusations, je vous confesse que la dernière charge est
en dessous de la vérité ! Comme, sans doute, le chiffre exact des maîtresses locataires de votre lit.
Ma consommation n’a d’égal que celle des larmes de mes concitoyens.
Tel un cri, surgi des flammes, éprouvé par la douleur, je vous appelle par votre prénom.
Car c’est ainsi que je vous préviendrais si votre vie en dépendait. Sous le tir des balles
sifflantes des mitraillettes de l’ennemi. Pour sauver votre peau ! Puisque c’est ainsi que
nos frères d’armes se hèlent, pris sous le feu de l’action.
Pablo, à vous voir, un jour meilleur. Que Dieu vous protège. Que Dieu protège le Roi.
Bien respectueusement,
Winston Churchill.