Miro fait partie du mouvement surréaliste. Ce mouvement artistique est défini par André Breton dans son Manifeste du Surréalisme. Il dira d'ailleurs que « Miro est le plus surréaliste d'entre nous ». Breton explique que le surréalisme doit « « exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée ». C'est la pensée qui dicte l'œuvre. Miro crée en l'absence de tout contrôle de la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. Le surréalisme explore de nouvelles techniques de création et laisse le champ libre à l'inconscient. Les artistes utilisent l'écriture automatique, les récits dictés pendant le sommeil forcé ou la sollicitation du hasard. Miro part d'une tache, d'une ligne, du hasard et laisse son inconscient réaliser le reste de son oeuvre. Il peint, dessine « sans réfléchir », vers la « liberté absolue »...
Ateliers
Immersion
L'exposition aborde un aspect de l'oeuvre de Miro : sa volonté d'aller au delà de la peinture et de conquérir le grand public. En 1938, il écrit : « Je voudrais m'essayer à la sculpture, la poterie, l'estampe, avoir une presse. M'essayer aussi à dépasser, dans la mesure du possible, la peinture de chevalet, et me rapprocher, par la peinture, des masses humaines auxquelles je n'ai jamais cessé de songer ». Jusqu'en 1982, Miro va exécuter des centaines d'œuvres qui vont pendant trois décennies donner le rythme et la couleur à des événements de prestige. L'exposition présente cette immense création tourbillonnaire, essentielle à la connaissance de Miro.
Joan Miró naît le 20 avril 1893 à Barcelone. Après une dépression nerveuse, il abandonne ses études commerciales pour se consacrer entièrement à l'art. Il suit alors l'enseignement artistique de l'école Gali où il rencontre le céramiste Artigas. Il découvre la peinture cubiste. En 1920, Miró se rend pour la première fois à Paris où il rencontre Picasso. Il est alors très lié au groupe surréaliste. A la fin des années 30, le travail de Miro est perturbé par la guerre civile espagnole, puis par la seconde guerre mondiale. Lorsque l'invasion allemande menace Paris, Miro est contraint de fuir à Varengeville en Normandie, auprès de Georges Braque. En 1940, Miró s'installe à Palma de Majorque et commence sa célèbre série des Constellations.
Dès 1948, Miro collabore avec Aimé Maeght qui expose alors dans sa galerie Braque, Matisse, Léger, Miró, Tàpies, Chillida, Chagall, Kandinsky, Calder, Giacometti, Ubac et Alechinsky. Lithographe de formation, Aimé Maeght est à la fois marchand d’art, éditeur, producteur de films et collectionneur audacieux. Pour son activité d'éditeur de livres et de gravures, il travaille avec l'atelier de Fernand Mourlot et édite plusieurs revues et les célèbres catalogues Derrière le Miroir. Ils seront enrichis au fil des numéros de nombreuses lithographies originales de Matisse, Braque, Léger, Miro ou Chagall. Miró réalise 19 numéros de Derrière le Miroir.La majorité des oeuvres de l'exposition sont des lithographies originales réalisées par Miro, directement sur une plaque. Le dessin n’est pas gravé, mais exécuté directement sur une plaque de zinc. Miró dessine librement sur le zinc, avec le doigt, un pinceau, une brosse et de l'encre noire. L'encre a la particularité d'être grasse et de pénétrer dans le zinc légèrement poreux.
Chaque couleur fait l'objet d'une plaque de zinc différente. L'artiste doit décomposer l'œuvre finale en autant d'étapes qu'il y a de couleurs. Il n'est pas rare que Miró réalise plus d'une dizaine de plaques différentes pour obtenir une lithographie originale. La plaque peut alors être encrée en noir ou en couleur avec un rouleau. Une feuille de papier est déposée sur la plaque et l’ensemble est passé sous la presse lithographique. Pour chaque nouvelle impression, il faut encrer à nouveau la plaque.